lundi 9 juillet 2018

Novlangue : « dialoguer », « appropriation culturelle » et « ouvrir une discussion sur le privilège blanc »

● Dialoguer — sermonner,  faire de notre vision du monde le centre de la discussion. Au sujet du mouvement de boycottage du spectacle SLĀV considéré comme raciste par des militants (souvent blancs et « instruits » à McGill), un des partisans du boycottage affirme : « S’il y avait eu du dialogue, peut-être qu’on ne serait pas là aujourd’hui ». On se demande bien quel serait le type de dialogue que pourraient avoir ces militants avec des gens qu’ils jugent « racistes » ou, pour le moins, qui produisent des « spectacles racistes ». Ne faut-il pas plutôt entendre : vous auriez dû nous écouter, nous laisser vous sermonner et si vous ne vous soumettez pas, c’est que vous ne nous écoutez pas. Si votre position n’est pas calquée sur la nôtre, c’est qu’elle est intolérante ou raciste, ou les deux.

Ceux qui se sont présentés à la manifestation lors de la première de SLĀV n’avaient nulle envie de discuter. Ces gens-là se drapent de mots ronflants comme « dialogue », « inclusion », « diversité » et « tolérance » alors que leurs propos suintent souvent le mépris et l’intolérance. Bienvenue dans la société chatoyante et racisée du Québec diversitaire.



● Appropriation culturelle — Seuls des Grecs peuvent commenter et parler en public d’Homère. Seuls des Africains peuvent parler de la traite esclavagiste, seuls des Amérindiens de l’histoire des « Premières nations ».  « La poutine aux Québécois ! » De manière plus subtile, mais qui induit en erreur : « En ce moment, il n’y a pas de Noirs qui profitent de ce spectacle-là [SLĀV]. Je pense qu’il pourrait aussi y avoir un dialogue à ouvrir », déclare Émilie Nicolas, doctorante à l’université de Toronto. Ces propos qui induisent en erreur sont reproduits sans mise au point par Radio-Canada. Pour dialoguer, voir ci-dessus. De surcroît, il est inexact d’affirmer qu’aucun noir ne profitait du spectacle SLĀV : deux des six choristes étaient noires, en outre le rappeur noir Webster (de son vrai nom Aly Ndiaye) a été un des consultants embauchés. Radio-Canada et Le Devoir ont répandu cette fable avant, parfois, de corriger le tir. Mais faudra-t-il à l’avenir un quota de Grecs et d’Italiens pour tout péplum ? De nombreux Norvégiens pour toute pièce d’Ibsen ? Une fois signalé, la présence de deux choristes noires, elles furent catégorisées en franglais de « Deux tokens noires comme choristes » (c’est-à-dire deux noires de service) par la militante Maïtée Labrecque-Saganash.




● Ouvrir une discussion sur le privilège blanc — voir « Dialoguer », ci-dessus. Pierre-Alexandre, étudiant en droit à Mc Gill déclare ainsi dans les colonnes de La Presse du 7 juillet 2018 : « Il est grand temps d’avoir une discussion sur le privilège blanc au Québec ».








Remarque sur la complaisance médiatique

On notera la complaisance médiatique dont profite cette extrême gauche racialiste. Comme le fait remarquer Mathieu Bock-Côté : « On accueille favorablement ses leaders, on les traite comme des interlocuteurs normaux. La FPJQ s’est déjà demandé comment parler des groupes d’extrême droite sans être complaisante à leur égard.

Ses membres n’ont pas de tels soucis avec l’extrême gauche racialiste. On accueille ses leaders avec les honneurs, on leur demande même de nous faire la leçon, comme s’ils représentaient la conscience morale de notre société.

Comment expliquer la déférence avec laquelle on s’adresse au rappeur militant Webster, qu’on nous présente comme une autorité scientifique exceptionnelle, alors qu’il déforme l’histoire pour la soumettre à ses lubies idéologiques ?

Surtout, comment expliquer qu’un militant comme Wiel Prosper soit considéré comme un interlocuteur médiatique majeur, alors qu’il pousse au tribalisme racial et n’hésite pas à endosser ceux qui accusent Maka Kotto d’être un “nègre de service”, comme l’a révélé le blogueur au Journal de Montréal Steve E. Fortin ? N’importe qui d’autre s’autorisant une telle insulte serait éjecté à jamais du débat public. »






Voir aussi


Nos billets sur la novlangue.

Un Québec de plus en plus divers, est-ce vraiment une bonne chose ?



2 commentaires:

Raoul a dit…

Éric Bédard a écrit sur Facebook :

«L'acteur Fred Pierre a tenu des propos nuancés sur la controverse SLAV. Dans son commentaire du 27 juin dernier, très lu et relayé, je bute cependant sur l'idée suivante : "L’appropriation académique de l’histoire des « Noirs » ou des « Peuples des premières nations » me préoccupe et je serai toujours le premier à militer pour que les livres d’histoire soient ré-écrits avec l’accord et la collaboration de ces dites communautés. Mais laissons les artistes tranquilles..." S'agissant des premières nations, est-ce à dire qu'il faudrait entièrement réécrire les livres, travaux et articles de Serge Bouchard, Gilles Havard, Denys Delâge, Alain Beaulieu, Allan Greer, Roland Viau et Bruce Trigger ? Est-ce à dire que les travaux rigoureux de tous ces chercheurs, pour être légitimes, devraient recevoir une sorte d'imprimatur des premières nations ? Si oui lesquelles, celles des Cris, des Mohwaks, des Algonquins, des Wendats, des Innus ? Se pourrait-il que les représentants de ces nations n'aient pas toute la même interprétation de l'histoire ? Si tel est le cas, laquelle choisir ? Et selon quels critères ? En somme, pourquoi ces deux poids deux mesures...? La liberté académique devrait être aussi importante et sacré que la liberté artistique...»

Pierre M a dit…

Que les Noirs et les Amérindiens écrivent de meilleurs livres d'histoire s'ils ne sont pas d'accord avec ceux qui sont déjà publiés plutôt que d'avoir un droit de véto.